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Coronavirus : suivez l’actualité dans la région MENA

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Coronavirus : suivez l’actualité dans la région MENA
L’épidémie du nouveau coronavirus bouleverse une région déjà sous tension. Suivez sur ce fil les derniers développements au Maghreb et au Moyen-Orient

Mises à jour du direct

5 years ago
Nihad et Zeinab Jarboa confectionnent des peluches et des costumes inspirés de personnages de dessins animés (AFP)
Nihad et Zeinab Jarboa confectionnent des peluches et des costumes inspirés de personnages de dessins animés (AFP)

Avec leurs doigts de fée, Nihad et Zeinab Jarboa confectionnent des peluches et des déguisements colorés. Jusqu’à récemment, cette activité permettait à ces Palestiniens handicapés de subvenir à leurs besoins, mais la pandémie de COVID-19 a malmené les maigres revenus du couple.

Nihad Jarboa, 37 ans, est handicapé moteur depuis l’enfance. Son épouse Zeinab, 35 ans, a été amputée des pieds il y a cinq ans après avoir contracté une maladie rare à l’accouchement de son deuxième enfant.

Tous deux en fauteuils roulants, leur éventail de possibilités de travail s’est considérablement réduit dans une enclave palestinienne déjà appauvrie, minée par les guerres, les pénuries et le chômage.

Avant la pandémie, les Jarboa organisaient des spectacles costumés dans des crèches et des écoles (AFP)
Avant la pandémie, les Jarboa organisaient des spectacles costumés dans des crèches et des écoles (AFP)

Alors, avec leurs mains agiles, les Jarboa confectionnent des peluches et des costumes inspirés de personnages de dessins animés, dans leur domicile du camp de réfugiés de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza.

« Nous vendions environ 20 à 30 peluches par mois, à 10 shekels l’unité [environ 2,50 euros] », explique Nihad Jarboa à l’AFP. « Nous organisions aussi des spectacles costumés dans des crèches ou des écoles et demandions 20 shekels [5 euros] par comédien ».

« Mais tout s’est arrêté avec le coronavirus », souffle l’homme à la barbe rasée de près.

Jusqu’à présent, la bande de Gaza a été relativement épargnée par la pandémie de nouveau coronavirus, avec 78 contaminations enregistrées, dont un décès.

Sous blocus depuis plus de dix ans

Mais l’enclave, sous blocus israélien depuis plus de dix ans, est quasiment entièrement bouclée depuis l’apparition du virus. Le Hamas, mouvement islamiste au pouvoir, a imposé dès le mois de mars des mesures strictes, interdisant les rassemblements et fermant écoles et mosquées.

Comme ailleurs, les mesures de confinement ont plombé l’économie.

Dans ce territoire coincé entre l’Égypte, Israël et la mer Méditerranée, le taux de chômage dépasse les 50 % et le taux de pauvreté atteint les 53 %, estime Maher Al-Tabaa, économiste à la Chambre de commerce et d’industrie de Gaza.

« Le coronavirus a aggravé la situation économique et les taux de chômage et de pauvreté devraient augmenter », prévient-il, notant que 80% de la population dépend déjà de l’aide alimentaire.

Nihad Jarboa, 37 ans, entouré par des enfants et des bénévoles (AFP) 
Nihad Jarboa, 37 ans, entouré par des enfants et des bénévoles (AFP) 

Même si les mesures anticoronavirus ont été assouplies ces dernières semaines, les Jarboa n’ont reçu que deux demandes pour organiser des spectacles. Depuis mars, ils ne réalisent plus que 25 % de leur activité habituelle.

« Nous n’abandonnerons pas, même si c’est difficile », lance Zeinab Jarboa en préparant du thé sur un réchaud à hauteur de son fauteuil roulant, dans l’unique chambre à coucher du foyer.

« La situation est devenue plus difficile avec le coronavirus » mais « j’ai la volonté de relever ce défi », assure la jeune femme, qui souhaite que ses enfants « aient une vie décente ».

Comme près de la moitié des habitants de Gaza, les Jarboa reçoivent une aide financière de l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).

Sont considérés comme des réfugiés les plus de 700 000 Palestiniens qui ont été expulsés ou ont fui leurs terres entre avril et août 1948 au moment de la création de l’État d’Israël, ainsi que leurs descendants.

« Mais ce n’est pas suffisant pour acheter à manger », déplore Zeinab Jarboa, occupée à coudre un costume aux couleurs vives inspiré de Donald Duck, la superstar de Disney.

Par Adel Zaanoun, à Gaza.

5 years ago
Les services de sécurité seront chargés, ajoute le communiqué, de veiller au respect des consignes de distanciation entre les estivants et du port du masque obligatoire depuis le 24 mai (AFP)
Les services de sécurité seront chargés, ajoute le communiqué, de veiller au respect des consignes de distanciation entre les estivants et du port du masque obligatoire depuis le 24 mai (AFP)

Les autorités algériennes ont décidé la réouverture progressive des mosquées, des plages, et des parcs fermés depuis près de cinq mois à cause de la pandémie du coronavirus, selon un communiqué de la présidence publié lundi soir.

Lors d’une réunion du haut conseil de sécurité, consacrée à l’évaluation de la situation sanitaire, le président Abdelmadjid Tebboune a demandé à son Premier ministre Abdelaziz Djerad « de programmer une réouverture graduelle des lieux de culte ». 

Cette réouverture sera limitée, dans une première phase, aux seules grandes mosquées d’au moins 1 000 places, et en mesure de permettre la distanciation physique nécessaire « avec comme impératif le port du masque par tous », précise le communiqué.

Le chef de l’État a également exhorté le gouvernement à prendre les mesures qui s’imposent pour « un accès graduel aux plages et aux lieux de récréation et de détente ».

Les mosquées, à l’instar des parcs, des établissements scolaires et universitaires, des stades et des salles des fêtes, sont totalement fermées depuis le 19 mars.

Troisième pays le plus touché en Afrique

Les services de sécurité seront chargés, ajoute le communiqué, de veiller au respect des consignes de distanciation entre les estivants et du port du masque obligatoire depuis le 24 mai. Les contrevenants sont condamnés à de lourdes amendes.

Ces mesures pourront être remises en cause en cas d’aggravation de la situation sanitaire.

L’Algérie a observé ces dernières semaines une nette recrudescence des contaminations même si les cas enregistrés quotidiennement ont tendance à baisser depuis quelques jours. 

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Au total, près de 32 000 cas de COVID-19 ont été officiellement déclarés sur le sol algérien depuis l’enregistrement du premier cas le 25 février, selon le dernier bilan du ministère de la Santé.

Plus de 1 200 décès ont été recensés, ce qui fait de l’Algérie le troisième pays le plus touché en Afrique derrière l’Égypte et l’Afrique du Sud. 

Le gouvernement a reconduit jusqu’au 11 août le confinement partiel à domicile dans 29 des 48 wilayas (préfectures) du pays.

5 years ago
Le royaume connait une hausse inquiétante des contaminations depuis quelques jours (AFP)
Le royaume connait une hausse inquiétante des contaminations depuis quelques jours (AFP)

Le ministère marocain de la Santé a annoncé lundi la suspension « jusqu’à nouvel ordre » des congés pour le personnel médical du royaume, après une hausse des contaminations au nouveau coronavirus

Le ministère a justifié dans une circulaire sa décision par « l’évolution de la situation sanitaire » du pays de 35 millions d’habitants, et a appelé les employés actuellement en congés à regagner leur poste dans les 48 heures.

Les autorités avaient recensé dimanche soir 25 537 cas – dont 382 décès – depuis le premier enregistré en mars.

Des médias locaux ont mis en garde contre une situation devenue « préoccupante »

Mais le royaume connait une hausse des contaminations depuis quelques jours, avec des records jeudi (1 046) puis vendredi (1 063). Des médias locaux ont mis en garde contre une situation devenue « préoccupante ».

« Nous avons recensé en une semaine plus de cas qu’en quatre mois », prévenait déjà la semaine dernière le ministre de la Santé, évoquant une situation épidémiologique « inquiétante ».

Les autorités ont décidé dans la foulée d’imposer des restrictions de déplacements vers et depuis huit villes pour limiter la propagation du coronavirus.

Après un confinement strict, le Maroc a accéléré son déconfinement en juin avec la réouverture des cafés, restaurants, commerces ainsi que la reprise du tourisme intérieur. Les frontières demeurent cependant fermées « jusqu’à nouvel ordre ».

5 years ago
« Il faut nous concentrer sur la protection. Si les cas augmentent, les hôpitaux se rempliront rapidement », avertit dr Firass Abiad (AFP)
« Il faut nous concentrer sur la protection. Si les cas augmentent, les hôpitaux se rempliront rapidement », avertit dr Firass Abiad (AFP)

Anonyme il y a quelques mois, son nom est aujourd’hui de toutes les conversations. En pleine épidémie de COVID-19, le dr Firass Abiad, directeur d’un hôpital gouvernemental, a gagné la confiance des Libanais, habituellement circonspects face à un secteur public défaillant.

Longtemps l’hôpital universitaire Rafic Hariri, qu’il dirige depuis cinq ans à Beyrouth, a eu la réputation d’être un établissement pour les plus pauvres, avec un personnel souvent en grève pour réclamer des salaires impayés.

Mais depuis février, l’institution est devenue le fer de lance de la lutte contre le nouveau coronavirus, accueillant l’écrasante majorité des patients nécessitant une hospitalisation.

L’Anthony Fauci libanais

Et la gestion de crise par M. Abiad a été louée par les humanitaires et reconnue à l’international. Fin juillet, il a fait visiter son établissement au ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves le Drian, en déplacement au Liban.

Quotidiennement sur son compte Twitter, il égrène inlassablement conseils et avertissements. Jusqu’à devenir une référence pour le grand public, un peu comme le spécialiste américain Anthony Fauci, la voix de la raison aux États-Unis. Mais à la différence de M. Fauci, déjà une sommité dans son domaine, le médecin libanais était moins connu à domicile.

Chirurgien gastro-entérologue de 52 ans, le dr Abiad arrive généralement tôt le matin, cravate et chemise immaculée. Il s’entretient par vidéoconférence avec les responsables de l’aile dédiée aux malades du coronavirus, s’assure qu’ils ne manquent de rien et s’enquiert de leurs difficultés.

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Car les défis ne manquent pas dans le pays plongé dans une crise économique sans précédent, amplifiée par les restrictions liées au virus.

Face à la hausse des contaminations au Liban où jusqu’à dimanche 4 885 cas, dont 62 décès, ont été officiellement recensés, le médecin, diplômé de la prestigieuse Université américaine de Beyrouth (AUB), multiplie les appels à la prudence.

« Soyons honnêtes, les capacités du Liban ne sont pas très élevées. C’est pourquoi il faut nous concentrer sur la protection. Si les cas augmentent, les hôpitaux se rempliront rapidement », avertit le quinquagénaire dans un entretien à l’AFP.

M. Abiad a dû gérer début juillet une pénurie de mazout, précieux carburant sans lequel les générateurs de l’hôpital ne peuvent pas fonctionner ; les coupures d’électricité, courantes depuis des décennies, se sont aggravées, durant parfois 15 heures par jour.

Il a dû éteindre les climatiseurs dans les bureaux, fermer deux des six blocs opératoires et mettre en garde contre un report d’interventions chirurgicales.

Mais un seul tweet et les donations ont afflué, permettant de pallier la crise.

Un citoyen engagé

Et, quand mi-juillet une vidéo sur les réseaux sociaux a montré une foule agglutinée à une entrée de l’hôpital pour effectuer un test de dépistage, M. Abiad s’est rendu dès le lendemain sur place pour superviser les mesures de distanciation.

Pour Dona Maallawi, militante de 29 ans, M. Abiad fait figure d’exception, dans un pays où le comportement des politiciens et des responsables publics, accusés d’incompétence et de corruption, a été l’un des principaux éléments déclencheurs d’une contestation inédite en octobre 2019.

« Quasi quotidiennement il partage des messages sur la situation sans embellir la réalité », dit-elle.

M. Abiad est « l’un des très rares citoyens libanais dans le domaine public à travailler véritablement et honnêtement dans l’intérêt général », renchérit le directeur de la délégation de la Croix-Rouge internationale au Liban, Christophe Martin.

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Face aux compliments, M. Abiad se montre presque « agacé ». « Ce que je fais, c’est ce qu’il faut attendre de tous les responsables. »

Après un nouveau pic de contaminations, le gouvernement a annoncé un reconfinement temporaire fin juillet.

« Comment gérer [à la fois] la crise du coronavirus et la crise économique », s’interroge ce père de trois enfants, conscient que c’est là un « grand défi ».

Même s’il estime possible d’éviter un scénario catastrophe, il craint une « pression accrue sur le secteur de la santé ».

Le médecin enseigne toujours à l’AUB, après avoir travaillé pendant des années à l’hôpital de l’Université.

Pas facile de passer dans le public pour diriger « le principal hôpital qui soigne les plus démunis » et a connu de nombreux déboires financiers.

Mais c’était, dit M. Abiad, « un devoir vis-à-vis de la société ».

Par Layal Abou Rahal, à Beyrouth.

5 years ago
Le Conseil de l’UE a annoncé jeudi le retrait de l’Algérie de la liste des pays exemptés de restrictions aux voyages (AFP)
Le Conseil de l’UE a annoncé jeudi le retrait de l’Algérie de la liste des pays exemptés de restrictions aux voyages (AFP)

L’Algérie a fait part dimanche de sa « surprise » après la décision de l’Union européenne (UE) de la retirer des pays exemptés de restrictions de voyage, du fait d’une recrudescence de contaminations au nouveau coronavirus.

Le ministère algérien des Affaires étrangères « marque sa surprise devant cette procédure d’autant qu’elle est sans effet pratique, l’Algérie ayant déjà décidé de maintenir ses frontières fermées » pour protéger ses habitants « des cas de COVID-19 importés », a-t-il indiqué dans un communiqué.

Il a assuré que l’État avait engagé des « moyens et des efforts colossaux » pour lutter contre la propagation de l’épidémie.

Le Conseil de l’UE a annoncé jeudi le retrait de l’Algérie de la liste des pays exemptés de restrictions aux voyages.

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Cette liste européenne est basée « en particulier » sur des critères épidémiologiques et est soumise à une révision tous les quinze jours. Elle précise les pays pour lesquels les restrictions aux frontières extérieures de l’UE « devraient graduellement être levées ».

L’Algérie, troisième pays du continent africain le plus touché en termes de décès derrière l’Égypte et l’Afrique du Sud, est confrontée depuis plusieurs semaines à une flambée de foyers de contamination.

Elle a enregistré le 24 juillet un record quotidien d’infections (675 cas). Près de 31 500 contaminations ont été recensées dans le pays depuis le 25 février, dont 1 231 décès.

La recommandation européenne n’est pas contraignante : chaque État membre reste responsable des voyageurs qu’il laisse entrer sur son territoire. L’UE tente toutefois de se coordonner pour maintenir la liberté de circulation au sein de l’espace Schengen.

5 years ago
En juillet, le nombre de cas recensés est passé à plusieurs dizaines par semaine en Tunisie (AFP)
En juillet, le nombre de cas recensés est passé à plusieurs dizaines par semaine en Tunisie (AFP)

Le nombre de personnes contaminées par le nouveau coronavirus a décuplé en Tunisie, un mois après l’ouverture des frontières, et le pays a enregistré le premier mort depuis plusieurs semaines, a annoncé le ministère de la Santé.

La Tunisie, dont l’économie dépend fortement du tourisme, avait pris des mesures précoces et strictes au début de l’épidémie en mars, et l’avait relativement bien circonscrite.

Mi-juin, le pays ne comptait plus que quelques nouveaux cas par semaine, tous parmi les personnes rapatriées de l’étranger et placées en quarantaine obligatoire, lorsqu’il a commencé à lever les restrictions, dont les 14 jours de confinement à l’hôtel à l’arrivée.

Les frontières ont ensuite ouvert le 27 juin, sans précautions spécifiques imposées aux voyageurs venus de pays classés « verts », dont la France, l’Italie ou la Grande-Bretagne. 

En juillet, le nombre de cas recensés est passé à plusieurs dizaines par semaine.

Parmi eux, 26 employés de l’aéroport de Tunis ont été testés positifs, ce qui a entraîné une réunion de crise de l’organisation de l’aviation civile samedi pour renforcer les protocoles sanitaires à l’aéroport et leur application.

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Le ministère de la Santé a annoncé samedi soir le décès d’un malade atteint du coronavirus, le premier décès constaté depuis le 17 juin, portant le bilan total à 51 morts depuis début mars. Plus de 1 500 cas de personnes contaminées ont été recensés. 

La commission de suivi du COVID-19 doit se réunir la semaine prochaine pour examiner les mesures à prendre, alors que toutes les restrictions ou presque ont été levées depuis juin : commerces et lieux de culte ou attractions touristiques sont ouvertes. 

Les écoles n’ont pas rouvert depuis mars, et la Ligue 1, qui a repris samedi soir, se déroule à huis clos.

Les frontières avec les pays voisins, l’Algérie, très touchée par la pandémie, et la Libye, sont toujours fermées.

La Tunisie est frappée de plein fouet par les retombées sociales des restrictions de déplacement.

Des dizaines de milliers d’emplois sont sur la sellette dans les secteurs du tourisme, de l’automobile ou encore du commerce informel, alors que le pays peine déjà à faire baisser un chômage qui touche un tiers des jeunes.

Des mobilisations sociales sont en cours depuis des semaines dans le sud du pays, bloquant notamment la production de pétrole et entravant la production de phosphate, une source de devise cruciale.

5 years ago
Dans ce pays riche en pétrole, le budget de la santé irakien n’atteint même pas les 2 % (AFP)
Dans ce pays riche en pétrole, le budget de la santé irakien n’atteint même pas les 2 % (AFP)

D’habitude, Oum Mariam, sage-femme dans le sud de l’Irak, accouche chaque jour chez elle trois femmes. Mais avec le nouveau coronavirus, ce chiffre a plus que doublé, ses patientes assurant redouter d’être contaminées à l’hôpital.

Dans sa ville de Kout, comme ailleurs dans le pays, les hôpitaux commencent à être débordés et déjà plus de 3 000 soignants ont – officiellement – été contaminés.

« C’est parce qu’elles ont peur que de nombreuses femmes préfèrent accoucher chez moi », assure à l’AFP cette quinquagénaire devant son lit médicalisé.

Dans un pays qui s’enorgueillissait jusque dans les années 1980 d’avoir l’un des meilleurs systèmes de santé du Moyen-Orient, gratuit pour tous, les hôpitaux publics sont devenus des repoussoirs.

Une  facture salée

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Équipements vétustes, personnel peu formé, bâtiments délabrés et budget de la santé qui n’atteint même pas les 2 % dans un des pays pourtant les plus riches en pétrole : les hôpitaux publics sont depuis des années concurrencés par des cliniques privées.

Aujourd’hui encore plus, alors que la maladie COVID-19 a déjà contaminé près de 130 000 Irakiens et tué près de 5 000 d’entre eux.

Mayce, 29 ans, doit accoucher de son premier enfant dans quelques semaines. En temps normal, elle aurait pu aller à l’hôpital public et, pour un prix symbolique, être prise en charge.

« Mais comme j’avais peur du coronavirus, ma gynécologue m’a conseillée une clinique privée », dit-elle. 

La facture sera salée : près de 1 300 euros, « mais toutes mes amies ont fait pareil parce que des services d’obstétriques servent aussi à accueillir des patients infectés par le coronavirus ». 

Dans la province de Wassit, où se trouve Kout, un seul des neuf hôpitaux publics a été transformé en centre de traitement de la maladie COVID-19. 

Mais le nombre de patients reçus dans les huit autres « a été divisé par deux », assure le docteur Mehdi al-Choueyli, président de la branche locale du syndicat des médecins.

« Au premier trimestre 2020, nous avons mené 400 opérations chirurgicales. Les trois mois suivants, seulement 187 », rapporte Qader Fadhel, chirurgien à l’hôpital public al-Karama.

Un nombre directement reporté sur les cliniques privées.

Soignés chez le pharmacien

« Chaque jour, 200 patients viennent, principalement pour des opérations chirurgicales », assure sous couvert d’anonymat un médecin d’une clinique à Kout.

À Kirkouk, au nord de Bagdad, le docteur Kilan Ahmed est lui aussi débordé dans sa clinique Azadi.

« Les personnes souffrant de maladies cardiaques, de diabète ou nécessitant des dialyses ont une faible immunité et ils préfèrent éviter les hôpitaux publics », explique-t-il.

Abou Karar, fonctionnaire de 32 ans à Bagdad, préfère aussi aller de cabinets privés en cliniques pour soigner son fils Hossam, cinq ans, qui semble anémié.

« Entre les rendez-vous et les médicaments à payer, je suis à bout, mais je préfère cela que de prendre le risque que mon fils soit contaminé à l’hôpital public », raconte-t-il.

Mais rares sont les familles qui peuvent se permettre de telles dépenses en Irak, où le taux de pauvreté atteignait déjà 20 % avant la pandémie.

Les premiers à en faire le constat sont les pharmaciens. L’un d’eux, qui préfère ne pas donner son nom, assure devoir formuler lui-même des diagnostics.

Ainsi, « 90 % de mes clients me décrivent leurs douleurs pour que je leur prescrive des médicaments puisqu’ils n’ont vu aucun médecin avant de venir », explique-t-il.

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Une fois infectés, beaucoup d’Irakiens préfèrent rester chez eux dans un pays qui compte selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) 14 lits d’hôpital pour 10 000 habitants – contre 60 en France par exemple.

L’usine d’État de production de bouteilles d’oxygène médical de Taji, près de Bagdad, a ainsi dû augmenter son rendement.

« Chaque jour, nous produisons 1 000 à 1 500 bouteilles pour des hôpitaux, mais nous préparons aussi une centaine de bouteilles pour la distribution aux particuliers alités chez eux », explique Ahmed Abdel Moutlak, numéro deux de l’usine.

Mais en Irak, où la corruption règne et le marché des médicaments ne répond à aucune règle, la spéculation a fait exploser les prix pour les particuliers.

De la bouteille d’oxygène aux comprimés de vitamine C et compléments en minéraux, les prix ont parfois été multipliés par trois ou plus.

Mais beaucoup s’en remettent à ces traitements de fortune, qui valent toujours mieux, disent-ils, que des hôpitaux dysfonctionnels.

Par Ali Allaq à Kout, avec Salam Faraj à Bagdad.

5 years ago
Des musulmans célèbrent l’Aïd al-Adha dans la mosquée Maryam de la ville de Caen, dans le nord-ouest de la France, le 31 juillet 2020 (AFP)
Des musulmans célèbrent l’Aïd al-Adha dans la mosquée Maryam de la ville de Caen, dans le nord-ouest de la France, le 31 juillet 2020 (AFP)

Plusieurs milliers de fidèles en région parisienne ont célébré vendredi l’Aïd al-Adha, grande fête musulmane dont la configuration, dans des mosquées très encadrées ou « en plein air », a dû s’adapter au contexte sanitaire inédit lié à l’épidémie de coronavirus.

À Villemomble, 20 kilomètres à l’est de Paris, certains sont arrivés très en avance pour s’installer aux premiers rangs : au stade Alain-Mimoun, les tapis de prière se sont progressivement alignés sur le gazon synthétique, dans le respect de la distanciation physique.

Le masque, obligatoire, est largement porté par les fidèles, vêtus de djellabas blanches ou d’étoffes colorées.

« D’habitude, on fait l’Aïd au pays, au Maroc, mais cette année, avec le COVID-19, on n’a pas pu y aller alors on est obligé de le faire chez nous »

- Loubna Saadaoui, 46 ans

Environ un millier d’entre eux ont assisté à la prière de l’Aïd, a constaté l’AFP.

« D’habitude, on fait l’Aïd au pays, au Maroc, mais cette année, avec le COVID-19, on n’a pas pu y aller alors on est obligé de le faire chez nous », explique Loubna Saadaoui, 46 ans, en robe rose pâle scintillante.

Selon elle, c’est une occasion de partager ce moment « magique » avec d’autres pratiquants du quartier.

Dans ce département de Seine-Saint-Denis où la population musulmane est importante, plusieurs villes et associations cultuelles ont opté pour une fête en extérieur, où le risque de contamination est moins élevé que dans un espace clos.

L’événement est d’autant plus inédit que c’est « la première fois » que la municipalité de Villemomble permet de fêter l’Aïd dans cette ville populaire, à la faveur d’un changement de majorité, explique Belkheir Okachi, président de l’Union des musulmans de la ville.

Cette fête dans un stade, « c’est une première », confirme M’hammed Henniche, responsable de l’Union des associations musulmanes du 93, qui rappelle que l’Aïd al-Fitr, autre grande fête musulmane célébrant la fin du ramadan, avait déjà été organisée dans un stade à Levallois-Perret, une autre commune de la région parisienne, le 24 mai.

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) avait appelé samedi à la plus grande prudence, alors que les autorités sanitaires constatent une « nette augmentation » de la circulation du COVID-19 en France.

Il avait demandé aux mosquées ne pouvant faire respecter les mesures barrières de « s’abstenir d’organiser les prières collectives de l’Aïd et du vendredi ».

Ainsi en Seine-Saint-Denis, l’un des départements les plus éprouvés par l’épidémie, certaines mosquées ont préféré renoncer à célébrer l’Aïd.

« Grand jour »

À Gennevilliers, au nord de Paris, des milliers de fidèles se sont en revanche pressés pour assister à la prière, patientant en file indienne entre les deux offices. La jauge a été fixée à 1 800 personnes maximum.

« Allez Mesdames, on y va tranquillement, et gardez vos distances », « On met les masques, les frères ! », lancent quelques-uns des 70 bénévoles, chasubles jaunes sur le dos.

Malgré le contexte sanitaire, la mosquée fait le plein : plus de 3 500 fidèles sont venus ce vendredi matin célébrer l’Aïd à Gennevilliers lors de deux offices distincts, a constaté l’AFP.

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« Au début, c’était difficile, mais maintenant, le respect des gestes barrière est entré dans les usages », observe Chaouki Abssi, le responsable. Chaque fidèle amène son sac, pour pouvoir y mettre ses chaussures avant de rentrer : il est interdit de les mettre sur les étagères prévues à cet effet.

Comme les autres fidèles, Nader Elemmawy a pris le pli. « Ça ne change pas grand-chose, c’est un grand jour pour les musulmans », se réjouit-il.

L’Aïd al-Adha (fête du sacrifice) ou Aïd al-Kébir (grande fête) prévoit également le sacrifice d’une bête de troupeau, généralement un mouton, à partager avec ses proches et des pauvres, en mémoire de la soumission à Dieu d’Abraham, prêt à offrir son fils et auquel fut in extremis substitué un mouton.

Par Fanny Lattach et Antoine Guy à Villemomble, France.

5 years ago
Un vendeur attend les clients sur un marché au bétail de la capitale algérienne Alger, le 12 juillet 2020, avant les célébrations de l’Aïd al-Adha (AFP)
Un vendeur attend les clients sur un marché au bétail de la capitale algérienne Alger, le 12 juillet 2020, avant les célébrations de l’Aïd al-Adha (AFP)

En Algérie, la fête du sacrifice a été maintenue et des marchés informels à bestiaux ont fleuri à l’approche de l’Aïd al-Adha, en dépit de sévères restrictions au commerce de bétail dues à la pandémie de COVID-19. Mais, là aussi, le cœur n’y est pas vraiment.

Après l’explosion des contaminations, l’annulation du « sacrifice du mouton » a été un temps évoqué dans ce pays de 40 millions d’habitants, qui a enregistré depuis fin juin des records quotidiens : le dernier bilan officiel est de 29 831 contaminations au total, avec 602 nouveaux cas supplémentaires enregistrés pour la seule journée de jeudi.

Un groupe d’experts avait vainement plaidé pour « une renonciation au sacrifice du mouton ». Mais le ministère des Affaires religieuses a tranché mi-juillet en faveur du maintien, avec toutefois moult précautions.

« À cause du virus, il manque l’ambiance habituelle de l’Aïd. Il y a une grande différence. Pas de charme »

- Sid Ali, vendeur de mouton

Les importants marchés aux bestiaux dans les régions agricoles ont été fermés, et remplacés par de petits points de vente.

Les autorités ont interdit les ventes en milieu urbain, avant de se résoudre à autoriser des marchés provisoires aménagés en périphéries, une décision qui a soulagé de nombreux éleveurs.

Aux abords d’une route d’Alger-plage, dans la banlieue est de la capitale, dont les entrées sont filtrées à l’approche des festivités, Sid Ali, un vendeur de mouton de 38 ans, a ainsi pu exposer son bétail à ciel ouvert.

Dans l’enclos s’entassent des dizaines de moutons. Sur la clôture, un écriteau : « pas plus de trois personnes et masque obligatoire ».

La plupart des clients portent le masque, obligatoire dans le pays depuis le 24 mai. Des enfants ans s’agglutinent avec enthousiasme, dans l’espoir d’approcher de plus près les bêtes ou de leur donner à manger.

Bouzid, un éleveur de 30 ans, dit avoir réussi à écouler la quasi-totalité de ses moutons, bien que les ventes soient inférieures aux autres années.

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Après avoir obtenu une autorisation, il est allé chercher son troupeau par camion à M’sila (250 km au sud d’Alger), une région réputée pour la qualité de son cheptel, avant d’installer son enclos dans un garage sur les hauteurs d’Alger.

Mais, en Algérie, les mosquées sont fermées, les rassemblements bannis, et il est interdit de quitter ou de se rendre vers 29 des 48 wilayas (préfectures) du pays, où chacun doit se confiner de 20 h à 5 h.

Les autorités ont appelé à éviter les traditionnelles visites familiales, mais également à réduire le nombre de participants au processus d’abattage du mouton et à porter le masque à toutes les étapes du rituel.

« C’est la tradition de nos ancêtres. Nous faisons notre possible », assure Tahar, un retraité de 79 ans, qui vient d’acheter son mouton.

« À cause du virus, il manque l’ambiance habituelle de l’Aïd. Il y a une grande différence. Pas de charme », regrette pour sa part Sid Ali.

5 years ago
Montage montrant à gauche un nombre limité de pèlerins priant sur le mont Arafat pendant le hadj, marqué cette année par l’épidémie de COVID-19 (30 juillet 2020), et à droite la multitude habituelle de pèlerins rassemblés sur le mont (20 août 2018) (AFP)
Montage : à gauche un nombre limité de pèlerins sur le mont Arafat pendant le hadj, marqué cette année par l’épidémie de COVID-19, à droite la multitude habituelle de pèlerins (hadj 2018) (AFP)

Les pèlerins ont invoqué jeudi, en nombre réduit, le pardon de Dieu sur le mont Arafat, près de La Mecque, moment fort du hadj qui a été abrégé en raison de la pandémie de coronavirus, dans un contraste saisissant avec les grands rassemblements des années passées.

Habituellement, les pèlerins passent toute la journée sur cette colline rocailleuse à 20 km à l’est de La Mecque, en Arabie saoudite, afin de demander pardon pour leurs péchés.

Mais cette année, ce rituel a été écourté en raison du virus. Les pèlerins ont attendu dans un camp de toile aseptisé proche du mont avant d’y être autorisés en fin d’après-midi pour de brèves incantations.

« Me voici, Seigneur, me voici, tu n’as aucun associé, me voici », ont scandé les pèlerins d’une seule voix. « La louange, la grâce et la souveraineté sont à toi, tu n’as pas d’associé », ont-ils poursuivi.

Portant des masques et observant la distanciation physique, les fidèles sont arrivés dans la matinée sur place en bus, sous l’œil vigilant de membres des forces de sécurité.

Ils ont ensuite participé, à la mosquée de Namira, près du mont, aux prières de la mi-journée et suivi le sermon du hadj prononcé par cheikh Abdallah al-Manie, membre du comité des hauts oulémas.

Les « épreuves, aussi grandes soient-elles, ne durent pas » et « toute maladie a un remède », a affirmé le cheikh, en référence à la pandémie.

Il a remercié les musulmans à travers le monde pour avoir « bien accueilli les mesures destinées à empêcher la propagation de la pandémie et à protéger La Mecque ».

Paroxysme du hadj

Le rituel du stationnement sur le mont Arafat est le moment fort du pèlerinage, l’un des cinq piliers de l’islam.

Parsemée, la foule contraste fortement avec les flots de fidèles qui prennent d’habitude d’assaut le mont Arafat, avec ces dernières années des bousculades mortelles. Celle de 2015 a fait environ 2 300 morts.

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Au coucher du soleil, les pèlerins doivent descendre du mont Arafat vers la vallée de Muzdalifah, un autre lieu saint où ils passent la nuit. Ce vendredi, ils doivent célébrer l’Aïd al-Adha (fête du sacrifice) et commencer le rituel symbolique de la lapidation de Satan, marquant la fin du hadj.

Considéré habituellement comme l’un des plus grands rassemblements religieux du monde, le pèlerinage de cette année a été limité, en raison de la pandémie, à quelque 10 000 personnes sélectionnées parmi les étrangers vivant en Arabie saoudite et des Saoudiens.

Par comparaison, 2,5 millions de fidèles ont effectué le grand pèlerinage l’année dernière.

Le hadj a commencé mercredi par le « tawaf », les circonvolutions autour de la Kaaba, construction cubique du centre la Grande mosquée de La Mecque, vers laquelle se tournent les musulmans du monde entier pour prier.

La couverture de la Kabaa, faite de 670 kg de soie et brodée de 120 kg de fils d’or et de 12 kg de fils d’argent, a été changée mercredi soir, lors d’un cérémonial qui se répète tous les ans.

« Invités de dieu »

Le ministère de la Santé n’a signalé aucun cas de nouveau coronavirus dans les lieux saints mercredi et jeudi.

Au total, l’Arabie saoudite a fait état de 274 219 cas d’infections, dont 2 842 décès, soit l’un des taux les plus élevés parmi les pays arabes de la région.

Le gouvernement saoudien couvre cette année les dépenses de tous les pèlerins, en leur fournissant les repas, l’hébergement à l’hôtel, le transport et les soins de santé, ont déclaré des fidèles.

Normalement, le hadj coûte des milliers de dollars pour les pèlerins, qui économisent parfois toute une vie pour l’effectuer.

« Vous n’êtes pas nos invités mais ceux de Dieu, du Gardien des deux saintes mosquées [le roi Salmane d’Arabie saoudite] et de la nation », a déclaré à l’intention des pèlerins le ministre du Hadj, Mohammed Benten, dans une vidéo diffusée mercredi.

En temps normal, le hadj et la oumra, petit pèlerinage, rapportent environ 10,3 milliards d’euros par an à l’Arabie saoudite.

La oumra, suspendue en mars, attire habituellement des dizaines de milliers de fidèles tous les mois, à la différence du hadj qui ne peut être accompli qu’à des dates précises du calendrier lunaire islamique.

Selon des analystes, les restrictions sur le pèlerinage vont aggraver les difficultés économiques du royaume, déjà confronté à une forte baisse des prix du pétrole et aux répercussions de la pandémie.

5 years ago
Un passager attend à la porte d’embarquement de Brussels Airport, à Zaventem, le 15 juin 2020 (AFP)
Un passager attend à la porte d’embarquement de Brussels Airport, à Zaventem, le 15 juin 2020 (AFP)

L’UE a retiré jeudi l’Algérie de sa liste de pays exemptés de restrictions de voyage, en raison de la pandémie de coronavirus, a annoncé le Conseil de l’UE dans un communiqué.

Cette liste est désormais réduite à douze pays, ainsi qu’à la Chine, sous conditions. C’est la deuxième fois qu’elle est actualisée depuis sa création il y a un mois. Elle comptait alors quatorze pays.

Elle est basée « en particulier » sur des critères épidémiologiques et est soumise à une révision tous les 15 jours. Elle précise les pays pour lesquels les restrictions aux frontières extérieures de l’UE « devraient graduellement être levées ».

L’enjeu est important en cette période de vacances estivales.

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La recommandation adoptée n’est pas contraignante : chaque État membre reste responsable des voyageurs qu’il laisse entrer sur son territoire.

L’UE tente toutefois de se coordonner pour maintenir la liberté de circulation au sein de l’espace Schengen.

Des sources diplomatiques avaient indiqué dès mercredi à l’AFP que le Conseil, l’instance qui regroupe les 27, envisageait de retirer l’Algérie de la liste en raison d’une recrudescence des contaminations de COVID-19.

Depuis l’enregistrement du premier cas le 25 février, 1 174 décès ont été recensés en Algérie, selon les chiffres de mardi. Le 24 juillet, le pays a enregistré un record quotidien d’infection (675) sur son sol.

Selon une des sources diplomatiques, le Maroc a été maintenu dans la liste, mais le pays reste sous surveillance en cas d’aggravation de la situation sanitaire.

Maroc et Tunisie non concernés

Les pays restants sur la liste sont : Australie, Canada, Géorgie, Japon, Maroc, Nouvelle-Zélande, Rwanda, Corée du sud, Thaïlande, Tunisie, Uruguay, et la Chine avec une condition de réciprocité. Le retrait de l’Algérie suit ceux de la Serbie et du Montenegro.

La présence de la Chine sur la liste reste assortie d’une condition de réciprocité. 

Ainsi les États-Unis, la Russie, le Brésil ou l’Inde restent exclus.

Bien qu’ayant quitté l’UE, le Royaume-Uni est considéré comme un pays membre jusqu’à la fin de la période de transition le 31 décembre.

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Un point de contrôle à l’entrée du camp de réfugiés d’al-Amari près de Ramallah, le 24 juillet 2020 (AFP)
Un point de contrôle à l’entrée du camp de réfugiés d’al-Amari près de Ramallah, le 24 juillet 2020 (AFP)

La forte hausse des cas de nouveau coronavirus en Cisjordanie occupée fait craindre une explosion de la maladie dans les camps de réfugiés palestiniens exigus, surpeuplés et où la distanciation est difficile à respecter.

Au début de la pandémie en mars, l’Autorité palestinienne a rapidement imposé un confinement pour lutter contre la propagation du virus dans ce territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. 

Mais au fur et à mesure du déconfinement, à partir de fin mai, le nombre de cas est reparti à la hausse. Celle-ci est attribuée au non-respect des restrictions liées aux rassemblements et aux déplacements de travailleurs entre la Cisjordanie et Israël, pays qui enregistre également ces dernières semaines des records de nouvelles contaminations.

8 000 personnes dans moins d’un kilomètre carré

Depuis l’apparition de la maladie COVID-19 en Cisjordanie en mars, le ministère de la Santé a recensé plus de 10 860 cas dont plus de 75 décès. Pour le seul mois de juillet, plus de 8 500 cas ont été enregistrés, dont près de 70 décès contre seulement 2 350 cas y compris cinq décès entre mars et juillet.

Avec l’aggravation de la crise sanitaire, l’inquiétude grandit dans les 19 camps de Cisjordanie, qui accueillent environ 190 000 réfugiés. Ceux-là sont assistés par l’Agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) qui leur fournit une aide médicale et gère les écoles. 

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Dans le camp d’al-Amari, près de Ramallah (nord), 8 000 personnes habitent dans moins d’un kilomètre carré.

« Il n’y a ni de la place pour imposer la distanciation, ni d’espace approprié pour effectuer des quarantaines », déplore Taha al-Bess, responsable d’un comité populaire qui fait office d’organe municipal.

À l’entrée d’al-Amari, la route fait environ six mètres de large, puis devient plus étroite. Les ruelles secondaires ne font pas plus de trois mètres.

« Les rues sont étroites, les bâtiments sont très près les uns des autres, parler d’espacement relève de la chimère », affirme Taha al-Bess.

Peu de cas de malades et aucun décès n’ont pour l’instant été recensés à al-Amari, mais le comité suit avec inquiétude ce qu’il se passe dans les autres camps.

Dans celui de Jalazoun, également près de Ramallah, plus de 200 cas ont été recensés ces dernières semaines, dont deux décès, parmi les quelque 8 000 réfugiés. Le bilan est similaire dans le camp d’al-Fawar près de Hébron (sud). 

« Il est impossible de mettre en place la distanciation et d’empêcher les contacts entre les malades et les autres habitants », explique Naël Nakhleh, membre d’un comité d’urgence mis en place à Jalazoun pour affronter la hausse des cas.

L’UNRWA en grande difficulté

En conséquence, un débat a vu le jour : à qui revient la gestion de l’urgence sanitaire dans les camps ? À l’Autorité palestinienne ou à l’UNRWA ?

Selon l’ONU, ont le statut de réfugiés les plus de 700 000 Palestiniens qui ont été expulsés ou ont fui leurs terres entre avril et août 1948 au moment de la création de l’État d’Israël, ainsi que leurs descendants. Ils vivent aujourd’hui dans des camps en dur au Liban, en Syrie, en Jordanie, à Gaza et en Cisjordanie et sont aidés par l’UNRWA.

Pour Ahmed Hanoun, en charge du dossier des réfugiés à l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), l’UNRWA doit assurer la gestion sanitaire. Mais « nous cherchons à travailler avec eux », assure-t-il à l’AFP, se disant « sérieusement préoccupé » par la situation.

« La situation dans les camps est très préoccupante, surtout quand on connaît les difficultés financières de l’agence »

- Kazem Abou Khalaf, porte-parole de l’UNRWA en Cisjordanie

À l’UNRWA, la crainte est également de mise, d’autant que la pandémie intervient dans un contexte déjà délicat pour l’agence onusienne.

« La situation dans les camps est très préoccupante, surtout quand on connaît les difficultés financières de l’agence », indique Kazem Abou Khalaf, porte-parole de l’UNRWA en Cisjordanie.

En 2018, Washington, jusqu’alors le principal donateur de l’agence, a mis fin à son aide financière annuelle de 300 millions de dollars. Depuis, l’organisation multiplie les appels aux dons et aides d’urgence auprès de ses donateurs.

En attendant, à al-Amari, les habitants ont décidé de prendre les choses en main et se postent à l’entrée du camp pour prendre la température à chaque personne.

« L’UNRWA dit qu’elle n’a pas les moyens, l’Autorité palestinienne dit qu’elle n’a pas les moyens : on se retrouve entre le marteau et l’enclume », souffle Taha al-Bess.

Par Hossam Ezzedine, à al-Amari, Cisjordanie occupée.

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Des Marocains se rassemblent à la gare routière Ouled Ziane de Casablanca le 26 juillet 2020 pour quitter la ville avant les restrictions de voyage imposées par les autorités (AFP)
Des Marocains se rassemblent à la gare routière Ouled Ziane de Casablanca le 26 juillet 2020 pour quitter la ville avant les restrictions de voyage imposées par les autorités (AFP)

Près de 200 accidents de la route ont fait 15 morts et 313 blessés, dont 19 graves, entre dimanche et lundi au Maroc, au moment de l’annonce de restrictions de déplacements vers et depuis huit villes du pays pour limiter la propagation du coronavirus, selon un bilan officiel publié mercredi.

« Les réseaux sociaux ont relayé des photos et vidéos du réseau routier national dans un état de congestion aigu ainsi que des scènes répétées d’accidents », a indiqué le ministère des Transports dans un communiqué.

Mais ce bilan sur deux jours « ne diffère pas significativement » de la moyenne nationale quotidienne pour un mois de juillet – soit 84 accidents, 8 morts, 150 blessés dont 18 graves sur la période 2015-2019 –, a précisé le ministère.

Dimanche soir, la décision éclair des autorités de fermer huit villes, dont la capitale touristique Marrakech et la métropole portuaire Tanger, a provoqué des scènes de chaos, avec des embouteillages géants et des gares prises d’assaut. 

Les restrictions ont été décidées en raison de la « hausse considérable » des contaminations à quelques jours de l’Aïd al-Adha, la grande fête musulmane du sacrifice, prévue vendredi et traditionnellement marquée par des réunions familiales. 

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L’annonce faite cinq heures avant prise d’effet a suscité un pluie rare de critiques dans les médias locaux, certains évoquant une décision « brutale et « irréfléchie », relevant de la « gestion hasardeuse » et de « l’improvisation ».

Les professionnels du tourisme qui tablaient sur une relance pendant la période estivale ont été particulièrement virulents. 

« Avec cette décision, les autorités ont planté le dernier clou dans le cercueil du tourisme déjà durement éprouvé », a déclaré le président de la Fédération des hôteliers du Maroc Lahcen Zelmat au site Médias 24. 

Selon lui, plusieurs hôteliers ont décidé de fermer leur établissement jusqu’à la réouverture des frontières, dont la date reste incertaine.

Le nombre total des cas officiellement enregistrés dans le pays était mardi soir de 21 387, dont 327 décès. 

Lundi, le ministre de la Santé Khalid Ait Taleb a évoqué une situation épidémiologique « inquiétante », notant que le pays de 35 millions d’habitants avait « enregistré en une semaine plus de cas de contamination qu’en quatre mois ». 

Certaines usines de Tanger ont suspendu leurs activités jusqu’au 12 août face à l’apparition de clusters dans les zones industrielles, selon les médias locaux.

5 years ago
Le personnel de cabine égyptien distribue des masques sur un vol intérieur à l’aéroport international du Caire le 18 juin 2020 (AFP)
Le personnel de cabine égyptien distribue des masques sur un vol intérieur à l’aéroport international du Caire le 18 juin 2020 (AFP)

Les gouvernements du Moyen-Orient devraient unifier les mesures sanitaires, pratiquer des tests gratuits de dépistage du nouveau coronavirus et mettre fin aux quarantaines pour faciliter la reprise du transport aérien, a recommandé mercredi l’Association internationale du transport aérien (IATA).

« Les mesures incohérentes et les contraintes inutiles aux frontières dissuadent les voyageurs et empêchent la reprise du transport aérien au Moyen-Orient », a déclaré l’IATA dans un communiqué.

« Les mesures de différents types créent la confusion chez les passagers et retardent la reprise », a souligné Muhammad Albakri, vice-président de l’IATA pour l’Afrique et le Moyen-Orient.

« Les mesures de différents types créent la confusion chez les passagers et retardent la reprise »

- Muhammad Albakri, vice-président de l’IATA pour l’Afrique et le Moyen-Orient

Certains pays ont mis en place des tests de détection de la maladie COVID-19 pour les voyageurs, mais dans de nombreux cas, ils ne répondent pas à « des critères acceptables », selon l’IATA.

L’association estime que les tests de détection de cette maladie devraient être précis et rapides et a demandé leur gratuité. 

Selon l’IATA, les tests coûtent parfois plus de 150 dollars.

Sans ses critères de fiabilité et de coût, « la reprise de la demande de transport aérien sera très probablement limitée », a déclaré M. Albakri.

L’IATA a également exhorté les gouvernements à éviter les mesures de quarantaine, mises en oeuvre dans 28 pays de la région, justifiant « qu’environ 80 % des passagers ne sont pas disposés à voyager lorsque la quarantaine est requise ».

Dans ses dernières prévisions publiées début juillet, l’IATA estimait que les compagnies du Moyen-Orient devraient perdre environ 56 % de leurs revenus et 55 % des passagers cette année par rapport à 2019.

Une majorité de pays du Moyen-Orient ont partiellement rouvert leurs aéroports, après des mois d’arrêt, mais nombre d’entre eux appliquent toujours des mesures sanitaires strictes.

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« L’atmosphère à Beyrouth est devenue pesante et déprimante », témoigne une des clientes du club privé de Faqra (AFP)
« L’atmosphère à Beyrouth est devenue pesante et déprimante », témoigne une des clientes du club privé de Faqra (AFP)

Panamas et lunettes de soleil griffées, seaux à champagne et voitures de luxe : pour les riches Libanais nichés à Faqra faute de pouvoir s’envoler à l’étranger à cause du coronavirus, la crise économique qui ravage leur pays semble bien loin.

Attablée devant une salade dans un restaurant de ce club privé très sélect perché à 1 600 mètres au-dessus de la Méditerranée, Zeina al-Khalil savoure sa villégiature.

« L’atmosphère à Beyrouth est devenue pesante et déprimante, on a la tête plongée dans la réalité. Ici, on se sent dans un autre pays », affirme cette quinquagénaire au teint doré.

Privée de Côte d’Azur et clouée au sol par la pandémie de COVID-19, la jet-set libanaise n’a pas vraiment l’embarras du choix cet été.

Quelque 200 familles, parmi les plus nanties du pays, ont trouvé refuge à Faqra Club, dont la devise est « La vie au sommet ». 

La nuitée coûte une peu plus de 500 dollars au taux officiel de change mais à peine 100 dollars sur le marché noir (AFP)
La nuitée coûte une peu plus de 500 dollars au taux officiel de change mais à peine 100 dollars sur le marché noir (AFP)

Le contraste est saisissant avec l’immense majorité de la population du Liban, dont la moitié vit dans la pauvreté, et où plus d’un demi-million d’enfants luttent pour leur survie dans la seule capitale, selon l’ONG Save the Children.

À l’instar de stations alpines comme Megève en France ou Davos en Suisse, ce club a toujours été un repère de l’élite libanaise, y compris durant les années sombres de la guerre civile (1975-1990).

Zeina, son mari et leurs quatre enfants y ont élu domicile début juin.

« D’habitude, on passe nos étés à l’étranger mais cette année nous ne pouvons pas voyager pour des raisons à la fois financières et liées au COVID-19 », confie-t-elle.

L’effondrement de l’économie libanaise a fait perdre 80 % de sa valeur à la monnaie nationale en quelques mois.

« Être physiquement ici ne signifie pas que nous sommes déconnectés », estime un des vacanciers (AFP)
« Être physiquement ici ne signifie pas que nous sommes déconnectés », estime un des vacanciers (AFP)

Pour les plus chanceux dont le capital et les revenus sont en dollars, les restrictions bancaires draconiennes en place depuis l’automne compliquent toutefois les paiements à l’étranger.

La crise, qui a vu des centaines de commerces mettre la clé sous la porte ces derniers mois, a été amplifiée par la pandémie, tandis que la déliquescence générale a récemment franchi un nouveau seuil avec des coupures de courant inédites, sous une chaleur torride, et un amoncellement d’ordures dans les rues.

Chaussées parfaitement goudronnées, rues éclairées, cours de tennis, randonnées, équitation ou encore cinéma en 9D, les activités récréatives et sportives qui pullulent à Faqra offrent ainsi un répit inespéré aux « happy few » en quête d’exutoire.

Autour d’une piscine avec bar flottant, des corps bronzés et tatoués lézardent sur des canapés et des lits amples, tandis que d’autres sirotent leurs cocktails dans l’eau au rythme d’une musique battante.

« La vie doit continuer », lance Sara, une jeune avocate de 26 ans, tout sourire.

Des Libanais se préparent à déjeuner dans un restaurant du haut de gamme Faqra Club, le 25 juillet 2020 (AFP)
Des Libanais se préparent à déjeuner dans un restaurant haut de gamme du Faqra Club, le 25 juillet 2020 (AFP)

Le long d’une allée, une quarantaine d’exposants et de restaurateurs ont planté leurs kiosques, où les maillots Vilebrequin côtoient les abayas en soie.     

Sélim Heleiwa, gérant d’une boutique d’alcools haut de gamme, se réjouit d’une saison « satisfaisante ».

« La clientèle ici souffre moins de la crise. Ce sont souvent des personnes qui travaillent ou possèdent des comptes bancaires à l’étranger », dit-il.

L’Auberge de Faqra, hôtel phare du club, affiche complet chaque weekend.

La nuitée coûte 795 000 livres libanaises, soit plus de 500 dollars au taux officiel de change mais à peine 100 dollars pour ceux ayant des devises à changer sur le marché noir.

« Beaucoup de nos clients ont des dollars. Pour eux, la nuitée est donc devenue moins chère », explique une employée de l’établissement.

« Tous les gens qui sont ici essaient d’aider les démunis. S’ils continuent de vivre, il ne faut pas voir ça de manière négative »

- Zeina el-Khalil, directrice de l’ONG Teach a child 

Début juillet, une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux d’un adolescent hilare brandissant un billet vert a été perçue par certains comme une provocation.

Pour Zeina el-Khalil, les critiques épinglant la classe aisée sont « infondées ».

« Tous les gens qui sont ici essaient d’aider les démunis. S’ils continuent de vivre, il ne faut pas voir ça de manière négative », affirme cette directrice de l’ONG Teach a child qui scolarise des enfants défavorisés.

« Être physiquement ici ne signifie pas que nous sommes déconnectés », renchérit Chérif Zakka, un vacancier de 38 ans louant un chalet à 2 500 dollars par mois.

« Nos amis, nos proches, tout le monde est impacté par la crise et cela nous affecte », dit-il.

Pour la propriétaire du club Liliane Rahmé, les activités organisées cette année ont surtout « permis de préserver l’emploi de plus de 200 personnes, notamment de jeunes étudiants ».

« Nous ne voulons pas mourir. Les Libanais aiment la vie. C’est notre manière de résister », conclut-elle.

Par Bachir El Khoury, à Faqra.